lundi 23 avril 2007

"Sarkozy.fr": une informatique sur mesure pour le site du candidat de l’UMP

Zoom sur l'organisation de l'informatique de campagne de Nicolas Sarkozy, avec les explications du responsable du site du candidat. Moyens, outils, méthodes et fonctionnement d’une "petite entreprise temporaire" hors norme, aux multiples contraintes.


Pour cette campagne présidentielle 2007, les sites web des candidats sont devenus de véritables enjeux. Pour présenter les programmes, les partis ont compris la nécessité de monter un véritable "SI" (système d'information) temporaire mais efficace, complet mais souple. Un vrai défi. Des projets informatiques ont donc été lancés, réunissant spécialistes et prestataires plus classiques.

L'informatique web de la campagne de Nicolas Sarkozy comporte ainsi trois niveaux, comme l'explique à ZDNet.fr Eric Walter, responsable du site de l'UMP. «Le premier niveau, en interne, mobilise un webmaster senior et deux juniors (l'un travaille sur le développement, l'autre sur le design et l'ergonomie). Le deuxième est une régie technique, assurée par un prestataire - la SSII Globalis - (lire l'encadré "Focus") mais piloté par nous-mêmes. Au troisième niveau, on trouve les agences externes, sollicitées pour des projets spécifiques: l'Enchanteur des Nouveaux Média, Adven, ZGroup (pour NSTV) et Easter Eggs». Ce dernier a notamment travaillé sur la newsletter du site, basée sur logiciel libre «dont nous reverserons les développements», tient à préciser E. Walter.

Rapidité, réactivité et convivialité

Principale contrainte: «des délais de développement extrêmement courts», tranchant avec les projets informatiques classiques. «En entreprise, on planifie, alors que là tout se joue sur une réactivité extrême». D'où la nécessité, à un moment ou un autre, de repousser des projets trop importants, «comme celui d'un moteur de recherche interne à tous les sites de campagne, basé sur Synomia. Ou celui d'un lecteur de synthèse vocal, ReadSpeaker», constate E. Walter.

Un candidat peu porté sur les nouvelles technologies, à l'instar de Nicolas Sarkozy, est-il une contrainte supplémentaire? Pas vraiment, officiellement du moins: «sa seule exigence, répétée à plusieurs reprises, est de ne pas surestimer la capacité des internautes (leur maîtrise du Net, Ndlr)». Et donc de ne pas opter pour une ergonomie compliquée, afin de rendre le site accessible à tous les publics.

Un dispositif technique pointu

Le web d'un candidat tenant le leadership dans les sondages, et désormais qualifié pour le second tour, doit par ailleurs être au diapason. «Nous avons 8 serveurs frontaux en tout, dont 4 pour le site de campagne, hébergés chez Agarik. Les vidéos du site sont quant à elles hébergées chez Yacast».

Une solution nécessaire, au vu des chiffres du site: «Au 19 avril, pour les 10 derniers jours, nous sommes passés de 70.000 à 110.000 vidéos vues par jour». Le site web dans l'ensemble chauffe aussi: «au 18 avril, notre moyenne/jour est passée de 35.000 à 80.000 visiteurs uniques».

Et de compléter, ce 23 avril: «Nous n'avons pas encore les chiffres, mais nous avons enregistré une fréquentation énorme hier soir». Ce qui impose de se donner un peu de marge de manoeuvre: «Nos tests de montée en charge montrent que le système tient jusqu'à des capacités multipliées par 10». Cependant, un réel ralentissement enregistré la soirée du 22 avril, demeure incohérent. Une attaque de pirates? «Nous n'excluons aucune possibilité... », nous répond Eric Walter.

Du côté des ressources humaines, l'équipe web interne a mobilisé le webmaster senior sur cette question. «Il s'occupe notamment, en permanence, du dimensionnement et de l'optimisation de l'architecture serveurs.» Et le travail avec les prestataires ne s'est pas fait dans le vide, mais sur la base d'un cahier des charges précis.

Une expérience "pro" hors norme

Le rythme horaire est aussi très exigeant pour tout le personnel. «Il y avait de la pression pour les équipes mobilisées, avec de grosses journées pouvant atteindre 11 heures», note Frédéric Hovart, chef de projet chez Globalis. «Pour assurer une disponibilité du site 24h/24», rebondit E. Walter, qui a terminé à plusieurs reprises à 4 heures du matin.

Une expérience gagnante/gagnante, professionnellement parlant, pour ce rôle de "DSI temporaire"? «Mon parcours est celui d'un autodidacte. Je suis passé auparavant par la culture, le commerce international, puis le monde des opérateurs téléphonique. Ce que j'ai vécu là me servira forcément», résume-t-il. Tout en se voyant de fait poursuivre son parcours, une fois les élections achevées, dans «l'internet et le numérique».

En tout cas, pour l'heure, l'accalmie fait suite à la frénésie pour l'équipe. «Le dispositif est désormais posé», confirme aujourd'hui Eric Walter. Seuls des projets «courts» naîtront peut-être d'ici au second tour... «Des micro-développements», complète-t-il, précisant vouloir «surtout renforcer la sécurité de l'ensemble et analyser la soirée du point de vue web».

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