Adoption d'un standard technologique, disponibilité de téléphones mobiles adaptés et définition d'un modèle économique sont les trois conditions à réunir pour assurer le démarrage du "m-paiement". L'horizon devrait se dégager vers 2008.
Le marché du paiement par mobile, appelé "m-paiement", ne devrait pas se développer avant 2008 en France. C'est l'un des constats de la dernière édition du Mobile Monday, qui s'est déroulé début avril à Paris. Pour l'heure, le secteur est tiraillé entre plusieurs technologies qui cohabitent.
Premier système, la technologie des puces sans contact NFC (Near Field Communication), qui se substituent aux puces des cartes bancaires. «Le système NFC permet d'insérer une puce dans le téléphone, grâce à laquelle le combiné peut servir de carte de paiement, de carte de transports similaire à Navigo, ou encore de carte de bus, en l'approchant d'un lecteur», précise Tim Baker, directeur marketing de Inside Contactless. Un bouquet de services accessibles sur mobile a déjà été testé avec la RATP et Bouygues.
Depuis novembre 2006, la société expérimente une solution de m-paiement auprès de deux cents personnes à Strasbourg. Pour payer, l'utilisateur présente son téléphone à moins de 5 cm du lecteur du commerçant. Une animation lumineuse et un signal sonore attestent de la reconnaissance du mobile. Le client compose alors son code confidentiel sur le clavier du combiné où apparaît le montant de la transaction. Le paiement est confirmé par une nouvelle présentation du combiné devant le lecteur. NRJ Mobile, le CIC Crédit Mutuel et la Sagem sont partenaires de l'opération.
Paiement par SMS et ticket électronique
Conçu par la société belge Banksys, un système de paiement par SMS pourrait un jour débarquer en France. Baptisé Pay2Me, il est testé depuis le 23 mars par les trois opérateurs mobiles belges - Base, Proximus et Mobistar (France Telecom) - et sera commercialisé le 15 mai en Belgique.
« Pay2Me permet de régler tous types d'achat d'un montant supérieur à six euros, auprès de professionnels ou particuliers ne disposant pas de terminal de paiement», précise Bernard Van der Lande, chef du département e-commerce et "m-commerce" de Banksys. Sont visés les brocanteurs, avocats, plombiers, électriciens, artisans, ou encore livreurs, mais aussi les particuliers comme des baby-sitters.
Les abonnés des trois opérateurs disposant d'un compte bancaire en Belgique pourront activer ce service gratuitement sur internet. Les transactions s'effectueront par échanges de SMS entre le vendeur et le client; ce dernier validant le paiement par la saisie de son code secret de carte bancaire, sécurisé par un système de cryptage.
Chaque transaction sera facturée 49 centimes d'euro au vendeur et 20 centimes au client. Sur ce montant, «l'opérateur conserve 60% pour financer notamment la facturation et le coût du SMS», détaille Bernard Van der Lande.
Autre technologie : le ticket électronique. La start-up Digitick a développé une solution qui permet d'imprimer ou d'afficher sur son mobile son billet de spectacle. Le 31 mars dernier, elle a été retenue pour gérer l'entrée de 2.000 spectateurs lors de la finale de Coupe de la Ligue au Stade de France.
Freins technologiques et économiques
En France, plusieurs freins empêchent de faire démarrer le "m paiement". Côté technologie, il est nécessaire d'adopter un standard technologique afin de pouvoir développer une nouvelle génération de mobiles qui embarquent des cartes SIM adaptées.
Autre point à régler : le rôle de chaque partcipant dans le dispositif. «Les banques veulent prendre en charge le contrôle de la sécurité», précise Tim Baker tandis que «les opérateurs veulent garder la relation de facturation », ajoute Pierre Ansellem, fondateur de l'agence de marketing mobile Cellcast Interactive.
«La Belgique est dans une situation unique, car Banksys concentre toutes les activités, dont la production des terminaux », explique Mung Ki Woo, directeur du paiement sans contact chez Orange.
Pour l'heure, les trois opérateurs mobiles français ont lancé fin 2006 un groupe de travail avec Visa, Mastercard, la BNP Paribas et la Crédit Mutuel-CIC, que viennent de rejoindre le Crédit Agricole et la Société Générale, pour réfléchir à un standard. Ils préparent un pilote pour la fin de l'année, qui sera testé à Strasbourg et à Caen.
L'initiative devrait accélerer le développement du m-commerce.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire