D’ici moins de deux ans, le téléphone mobile servira de ticket de transport. C’est un nouvel usage que vont développer les opérateurs qui créent un groupe de travail, en partenariat avec les sociétés de transports publics comme la SNCF et la RATP.
Les trois opérateurs mobiles français, associés aux sociétés de transports publics, commercialiseront, dès 2008, des offres permettant de transformer son combiné en titre de transport. À l'image d'un système comme le passe Navigo de la RATP, l'utilisateur n'aura qu'à passer son téléphone à quelques centimètres d'une borne pour valider le titre de transport. Son mobile intègrera une puce sans contact de type NFC (Near Field Communication), communicant par ondes radio.
Avantage: les billets ainsi dématérialisés pourront être achetés directement depuis le téléphone, sans avoir à passer par un guichet ou une borne de recharge. L'achat se fera comme sur le Net, en communiquant son numéro de carte de crédit sur un site.
Ce système est déjà testé, notamment par la RATP. Mais pour la première fois, l'ensemble des acteurs concernés a décidé de collaborer. Un groupe de travail vient d'être créé par Bouygues Telecom, Orange, SFR, la RATP, la SNCF et les opérateurs privés de transport public Keolis, Transdev et Veolia Transport. Il est placé sous l'égide du pôle de compétitivité «Transactions électroniques sécurisées» de Basse-Normandie [TES] basé à Caen.
«Ce groupe de travail a pour objectif de permettre d'utiliser le téléphone mobile pour accéder à tous les réseaux de transport public, et ce quel que soit l'opérateur de téléphonie mobile», indiquent-il. «Les opérateurs et les transporteurs sont arrivés au constat qu'il fallait s'entendre sur des solutions interopérables», confie à ZDNet.fr, Mung Ki Woo, directeur de la ligne produits de paiement et sans contact chez Orange.
Une ou deux puces?
Par exemple, un ticket électronique acheté à Nantes, devra fonctionner sur le bus local menant le voyageur à la gare, puis dans le TGV l'amenant à Paris et enfin dans le métro de la capitale.
Pour 2007, les partenaires se sont fixé l'objectif de s'entendre sur un standard de spécifications techniques, dit de «billettique transport sur téléphone mobile». «Nous allons nous entendre sur une couche applicative commune qui sera la même pour tous les terminaux», explique à ZDNet.fr, Laurent Jullien, directeur de projet sans contact et paiement chez Bouygues Telecom. «Ensuite l'utilisateur téléchargera une application complémentaire correspondant à la solution proposée dans sa région».
Il existe, par ailleurs, plusieurs variantes de puces NFC communicantes; ils auront à délimiter les modèles compatibles. Ils devront également trancher sur l'utilisation ou non de la carte SIM pour stocker le titre de transport électronique, gérer les opérations de paiement et les autorisations de passage. Deux écoles s'affrontent dans ce domaine.
La première souhaite que les opérations soient gérées par la carte SIM; ce qui confère à l'opérateur mobile un rôle de premier ordre puisqu'il est propriétaire de cette carte. La seconde préfère ajouter une puce dans le combiné pour effectuer ses opérations (principe du dual ship).
En revanche, le principe de fonctionnement du titre de transport électronique, même le mobile éteint, est d'ores et déjà retenu. Ceci afin de permettre à un voyageur d'utiliser son titre en cas de batterie vide.
Pas de suppression du ticket papier
Le groupe de travail doit également développer plusieurs modèles économiques autour d'un principe de base: le consommateur paye le transporteur qui reverse une partie des revenus générés à l'opérateur mobile. «Nous attendons une rémunération du monde du transport», poursuit Mung Ki Woo.
Ce n'est qu'une fois que des accords auront été trouvés sur ces points, qu'une série de programmes pilote sera lancée en 2008. Les premiers déploiements commerciaux sont attendus dans la foulée, la même année.
Il n'est nullement question de supprimer les tickets papier, assurent les membres du groupe de travail. «Comme les autres systèmes de billetterie électronique, celle sur mobile sera complémentaire aux réseaux de distribution traditionnels de titres de transport», indique Jean Perrier, directeur de l'innovation chez Transdev. Cet opérateur va lancé le 22 avril une expérimentation à Grenoble, avec Bouygues Telecom, auprès de deux cents usagers qui pourront utiliser leur mobile pour circuler sur le réseau de transport urbain, dont il a la gérance. Un premier retour d'expérience est attendu en juin.
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