lundi 26 mars 2007

Les partis politiques marocains se mettent à l'heure du Marketing

Les partis politiques marocains s'intéressent finalement au Marketing ? En tout cas c’est ce qui laisse entendre l’article suivant trouvé sur le journal l'économiste.


Législatives 2007

Le marketing fera la différence

· Comment «mieux vendre» un parti

· 7 agences de communication parraineront des partis de leur choix

Nos congrès politiques sont ennuyeux, tristes. Ils sont encore gérés comme des moussems, des noces avec tout le folklore qui s’ensuit. La communication des partis, quand elle existe, n’est pas compatible avec les mutations que connaît l’environnement socioéconomique du pays. Un constat sans appel(1). Du coup, changer ne serait-ce qu’un tant soit peu la donne est une mission qui relève de l’impossible. Et pour cause. Les barrières sont énormes: la «politique en tant que produit» est invendable, les partis ne sont pas crédibles. En témoigne le rapport du cinquantenaire: «50% des jeunes ne s’inscrivent pas sur les listes électorales, seulement 38% des jeunes ont participé aux élections de 2002, moins de 1% des femmes adhèrent à un parti ou encore 68% des jeunes n’ont pas confiance dans la politique». Amer diagnostic de l’existant où aucune formation politique n’a assisté. Les partis brillent par leur absence!
Des signaux contradictoires caractérisent le paysage politique qui marque un pas en avant, deux en arrière, témoigne un chercheur en marketing politique.
Résultat: «que de la politique sans gauche, sans droite, encore moins un centre». L’idéal pour le Maroc est de parvenir, à l’instar de l’Hexagone, à une recomposition du champ politique en deux, voire 3 pôles, souligne Noureddine Ayouch, publicitaire. Mais tout de même, «il vaut mieux avoir plusieurs partis que l’hégémonie du parti unique», précise Ayouch.
Au Maroc, la communication politique est certes à ses balbutiements avec des meetings, des congrès, des shows, flyers, sondages… Seuls deux ou trois partis commencent à communiquer. Mais le marketing n’y est pas encore, affirme Ayouch. Jusque-là, les partis politiques ne mettent pas en avant leur idéologie. «Le PJD est l’une des rares formations à le faire intelligemment», tient à signaler Ayouch. Et d’ajouer, très peu de formations parlent de leur référentiel. Souvent le programme ou la communication vient avant l’idéologie. Or, avant toute campagne de communication, l’idéologie et les valeurs du parti viennent en premier avant le programme.
Le Maroc accuse beaucoup de retard en termes de communication politique.
Mais pour commencer à communiquer via des stratégies, et réfléchir ensuite à mieux se vendre par le recours au marketing, le Séguéla du Maroc propose des règles d’or aux partis:
D’abord, bien connaître leurs électeurs: les sympathisants, les récalcitrants (à conquérir) et les indécis (à dissuader). Ensuite, recourir au principe appelé communément «Unique Selling Proposition». Autrement dit, avoir un seul thème central qui démarque chaque parti de l’autre et qui représente un positionnement fort. Autre règle d’or, faire des promesses, mais qui restent crédibles et répondent à des besoins précis. Les partis sont également appelés à bien cibler leurs actions en adaptant leur langage aux différentes cibles (monde rural, jeunes, femmes…). Mais le plus important, ajoute Ayouch, est de faire simple, avec des messages courts, précis et percutants.
De là, les partis peuvent passer à la publicité pour développer leur notoriété et améliorer leur image. Une action qui ne s’improvise pas. Il faut donc faire appel à des professionnels de la communication.
C’est aujourd’hui chose faite. Les législatives de 2007 devront compter avec le marketing politique et la première campagne de communication en bonne et due forme. C’est une première! Sept agences de communication ont été mobilisées pour travailler avec les formations politiques de leur choix, annonce Noureddine Ayouch. Des sondages d’opinion, enquêtes isolées, enquêtes omnibus et baromètres pour mesurer l’impact des campagnes seront enclenchés d’ici peu. Par ailleurs, des focus groupes et des brainstormings seront tenus pour connaître les motivations des uns et des autres. Des opérations gratuites de coaching ont commencé dès ce week-end… Autant d’actions pour remonter l’information et enclencher une dynamique électorale. Mais la grande cible sera le segment des jeunes. Une catégorie socioprofessionnelle (CSP) à part qui aura droit à des supports adaptés: Le tout sera relayé donc via le Net, des SMS, des blogs, quelque 5 millions de flyers, 31 capsules projetées et des conférences-débats, émissions TV… Comme dans l’Hexagone, même le rap et le hip-hop font partie de ce casting. Il a été fait appel au chanteur Bigg pour animer des concerts et enregistrer des jingles branchés. Des teams leaders, à l’instar du modèle US (leaders d’opinion) seront appelés à animer des forums pour favoriser les adhésions et le vote. Le message sera «votez pour qui vous voulez, mais votez quand même». Pour boucler la boucle, des vedettes seront aussi appelées à contribuer par des témoignages pour une forte mobilisation de l’électorat. Au terme de cette opération, un baromètre sera mené pour mesurer l’impact des actions lancées vers le mois de juillet.

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La «force tranquille»: Pour la petite histoire…

«I like Ike», «la force tranquille»… Le marketing politique est né en 1932 aux Etats-Unis à travers une émission radio appelée «causerie au coin du feu». Et c’est le président Roosevelt qui est à l’origine de cette première manifestation réelle du marketing. Après, dans les années 50, Eisenhower a été aidé par l’agence BBDO et ont lancé un nouveau concept de marketing autour d’une signature: «I like Ike», une accroche qui a eu un impact considérable auprès des Américains. Ce n’est qu’après que les fameux débats télévisés ont eu lieu, exactement lors de la campagne J. F. Kennedy/Nixon. Alors que Kennedy soignait ses discours et son vestimentaire, Nixon tenait un discours guindé et barbant. Depuis, le débat politique a été exporté partout dans le monde et les campagnes sont devenues agressives (TV, radio, presse écrite, meetings, débats, shows avec stars…). En France, la communication politique n’a commencé vraiment que vers les années 70. La première campagne du RPR a été signée en 1976 par Jacques Séguéla: «Oui à la France qui gagne». Vient ensuite, la campagne du PR en 1977 avec «La majorité aura la majorité». Elle sera suivie en 1978 par la campagne de Mitterrand intitulée «Le socialisme, une idée qui fait son chemin». Mais la signature qui aura marqué le paysage français reste incontestablement «la force tranquille». Un slogan fort, signé encore une fois par le «fils de pub» Jacques Séguéla, grâce auquel Mitterrand est passé président en 1981. En 2007, la campagne présidentielle française est marquée par une bipolarisation UMP/PS. Au PS, le slogan «le progrès pour tous, le respect pour chacun» est un peu long, mais fort. Quant à l’UMP, son accroche est connue des Marocains: «Ensemble tout devient possible».

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